De retour sur les voies ferrées du Grand Tour de Suisse! Après des premières étapes à Bâle, à Schaffhouse et à Saint-Gall, notre train file à toute vapeur vers Lucerne, Grindelwald, Montreux, Sion, Locarno et Lugano, dans le Tessin.
Montagnards d’eau douce
Arrivés à Lucerne en soirée, nous sommes allés saluer le célèbre Kapellbrücke, ce pont tout de bois couvert, et ses 111 peintures triangulaires. Si le vénérable ouvrage a vu passer bien des touristes depuis le XVIIe siècle, il est surtout connu aujourd’hui pour avoir ressuscité de ses cendres à la suite d’un incendie en 1993.
Au petit matin, après une nuit à l’auberge de jeunesse de Lucerne, pris d’une envie de grand air, nous avons momentanément délaissé le train au profit du bateau, en faisant une petite croisière sur le lac des Quatre-Cantons. C’est un autre avantage du passeport tout-en-un Swiss Travel Pass de Swiss Travel System: il vous donne non seulement accès à toutes les lignes du réseau ferroviaire suisse et à 480 musées aux quatre coins de la Suisse, mais aussi à certaines traversées en bateau et remontées mécaniques. Certes, il en coûte entre 290 et 605 dollars canadiens pour un périple de 3 à 15 jours consécutifs en deuxième classe, mais cela vaut le coup.
L’objectif pour nous: atteindre Vitznau, aux pieds du célèbre Mont Rigi, “reine des montagnes”. Depuis Vitznau, nous sommes donc montés à bord d’un petit train rouge pimpant, grimpant les pentes à son allure, mais offrant une vue spectaculaire sur le cirque environnant. Nos compagnons d’ascension: des centaines de Japonais et Coréens en quête de “suissitude”. Ensemble, nous avons atteint le sommet du célèbre Rigi et eu l’impression, ne serait-ce que pour une heure, de siéger au paradis.
Que la descente fut difficile! De retour à Lucerne, pour faire durer le vertige des hauteurs, nous avons immédiatement embarqué pour Grindelwald, un village de montagne situé dans la région de la Jungfrau. Nous y avons rapidement pris nos quartiers à l’auberge de jeunesse, un authentique chalet de bois offrant une vue splendide sur la face Nord du mont Eiger.
C’est d’ailleurs ainsi, en jouant les passe-montagnes ou les saute-cantons, que l’on prend la mesure de ce petit pays. Sans ascension, le voyage peut être monotone. Il faut s’élever au-dessus des vitrines, car c’est sans doute là, nez-à-nez avec les cimes, que “le voyage vous fait”, comme le dit l’écrivain suisse Nicolas Bouvier.
Le guide local annonce la couleur: “De l’hôtel-restaurant Gletscherschlucht, à 35 minutes à pied du centre du village, des passerelles artificielles vous conduisent par-dessus des eaux tumultueuses, à travers des parois rocheuses et des tunnels, pour finalement s’enfoncer jusqu’à 1000 mètres au cœur des gorges. De chaque côté s’élèvent deux parois rocheuses à la surface polie, qui atteignent plus de 100 mètres de hauteur.” Autant vous prévenir toutefois qu’après une petite demi-heure, vous aurez le sentiment d’avoir pris une bonne douche froide! Allez-y, mais allez-y couverts.
De gorges en châteaux
Trois jours en train, ça use, ça use… même dans le confort des wagons de première classe des Chemins de fer fédéraux suisses (CFF)! Au départ de Grindelwald, nous savions aborder la dernière ligne de notre périple et voulions garder les yeux grands ouverts. Au programme: une virée à bord du GoldenPass, premier train entièrement panoramique du monde, qui devait nous emmener d’Interlaken à Montreux, où nous voulions visiter le château de Chillon. Mais la fatigue aura eu raison. Sur ce trajet grandiose, nous nous sommes accordés (par la force des choses) une sieste majestueuse avec les paupières closes.
Au réveil, nous avons tout de même fait étape au château “dormant”, sur les rives du lac Léman. De salle en salle, dans ce labyrinthe médiéval fort visité, la torture s’est prolongée. Luttant contre le sommeil, nous avons réussi à voler quelques minutes de lucidité, en observant le lac et les Alpes scintiller dans l’ornière de meurtrières.
Vite remontés dans le train, nous sommes allés nous coucher à Sion, dans la vallée du Rhône, où les vignes coulent à flots. Chef-lieu du canton du Valais, la cité vaut le détour, notamment pour son château de Tourbillon, spectaculaire à toute heure du jour et de la nuit.
Le Tessin à dessein
Pour le dernier trajet de notre Grand Tour de Suisse en train, nous avons choisi la magnifique ligne Centovalli, qui relie Domodossola, en Italie, à Locarno, dans le Tessin. Traversant les “cent vallées” sur près de 60 kilomètres, “cette ligne ferroviaire sinueuse à voie étroite passe sur des viaducs audacieux, au-dessus de précipices impressionnants, de gorges aux cascades bouillonnantes ainsi que par des châtaigneraies, des vignobles et des tunnels.” La cadence est ralentie, mais l’émerveillement est garanti!
En bout de ligne, c’est le Lac Majeur qui s’offre à nous. Dépaysement, là aussi. On se croirait en voyage en Italie, avec sa langue chantante, ses palmiers et son soleil “éternel”, mais on se trouve bien en Suisse.
Quelques pas à Locarno suivis d’un repas en terrasse sur la Piazza Grande, qui accueille chaque été un important festival de cinéma à la belle étoile, puis ce sera le terminus de notre périple ferroviaire à Lugano, au cœur de la Suisse italienne.
De Bâle, la Belle sur le Rhin, à Lugano, dans le Tessin, la boucle est donc bouclée. On replie les cartes et on médite sur le chemin accompli en quatre journées bien remplies. La Suisse n’est pas un si petit pays et ce Grand Tour gagnerait à être poursuivi! On compte assurément sur vous pour nous y transporter, si d’aventure vous reprenez les rails. À cet égard, le Swiss Travel Pass est sûrement votre meilleure carte d’embarquement. Renseignez-vous!
Bons voyages,
Gary
![]() |